Il n'est pas très courant qu'un physicien enquête sur un fait
historique et cela demande une brève explication.
Au début des années 1960, mes parents ont acquis une propriété
sur la commune de Saint-Just dans le Cantal. Pour s'y rendre à
partir de ce qui était encore la RN 9, actuellement la RD 909,
l'unique chemin possible à l'époque était un petite route qui
descendait du plateau vers la vallée d'une rivière, l'Arcomie,
et cent mètres avant de traverser cette dernière, apparaissait
sur la gauche tout près de la chaussée un petit monument aux
morts, seul, au milieu des prés.
Nous nous sommes évidemment renseignés auprès des habitants du
village qui nous ont dit que les Allemands avaient surpris à
cet endroit la queue d'un convoi de maquisards blessés et les
avaient massacrés. Quant à savoir comment les Allemands avaient
pu repérer ce convoi, les réponses divergeaient, dénonciations,
aviation,... ; de même pour la durée du massacre. Rien de
précis, et finalement, comme la plupart des gens, nous avons
simplement admis les faits.
Trente ans passèrent sans rien apporter de plus, jusqu'à la
parution du 8-ème tome du livre d'Henri Amouroux, "La grande
histoire des Français sous l'occupation", qui évoquait ce drame,
mais sans apporter plus d'éléments, rumeurs comprises, que nous
ne sachions déjà. Par contre, il citait le livre d'Henri
Ingrand, "La libération de l'Auvergne" dans lequel se trouvait
le rapport du responsable du convoi, Max Menut.
Je me suis procuré ce livre, et ... moi qui connaissais alors
parfaitement les lieux du drame et leur voisinage, j'ai eu envie
d'en savoir plus. J'ai commencé à me renseigner, à chercher des
documents dont la plupart n'étaient pas encore accessibles du
fait des délais de censure couvrant l'après guerre, mais j'ai
fini par rencontrer M. Eugène Martres qui était en Auvergne le
correspondant du Comité d'histoire de la Deuxième Guerre
mondiale. Historien, il a guidé mes premiers pas dans mon
enquête, m'a fourni les éléments qu'il possédait et m'a aidé à
faire le point sur les témoignages que je recueillais. Il était
normal qu'il co-signe le résultat de cette enquête qui
reconstitue, heure par heure le trajet de ce convoi de blessés
depuis Marines jusqu'à Albaret-Sainte-Marie.
Je veux également profiter de cette présentation pour rendre
hommage à M. l'abbé J. Jouve, hélas décédé. Enfant du pays,
présent au moment des faits, son enthousiasme, son dynamisme, sa
connaissance du patois local, m'ont ouvert bien des portes. Je
ne l'oublie pas.
M.K.
|